Ce printemps 2024, plusieurs voisins se sont mis à la tomate. Avec l’aide de Filip, notre guide tout terrain, nous avons obtenu avec amour, travail et patience des plants en pots. Avec la fête Avanti Pogge! du 25 mai, nous distribuons une partie de ces pots. Avec la video ci-dessus, réalisée par Kate, Manu et Filip, vous avez le mode d’emploi pour un dernier rempotage avant de faire mûrir vos tomates. Elle n’est pas belle la vie ?!
Jasmin, c'est quoi ?
Nous installons des grands bacs de plantes devant chez nous.A Pogge, les jardins privés sont rares, les trottoirs plutôt étroits, le béton partout. Nous n’avons pas renoncé à la beauté des plantes, des fleurs, des arbres. Nous avons concrétisé ce désir directement dans l’espace public grâce à de grands bacs remplis de végétation, constitués de bois de réemploi et installés devant chez nous. Certains bacs ont été construits lors de chantiers, alors que d’autres nous ont directement été fournis. Tous les bacs proviennent de l’association Bûûmplanters, Yoeri, Gil et leur équipe. Sans eux, ces bacs Jasmin auraient probablement pris l’apparence de pots en plastique riquiqui, invisibles dans l’espace, faciles à faire disparaître, décourageant les habitants de continuer à s’investir pour la ville.
Une fois ces bacs installés, l’aventure commence avec la question suivante : qu’allons-nous mettre dans ces bacs ? C’est l’objet de discussions avec Filip Engelen, eco-conseiller de la Commune de Schaerbeek.
Actuellement, ce sont donc 29 bacs dont une bonne partie sont situés à proximité les uns des autres, pour former un fil rouge, des liens invisibles entre les plantes et les voisins. Ils modifient la grammaire de la ville et redonnent du pouvoir sur le monde qui nous entoure. Ces espaces particuliers forment un lieu à la fois réel et imaginaire : l’espace Jasmin.
Jasmin, c'est qui ?
Nous sommes des habitants soucieux du quartier, de nous-mêmes et des autres. Les plantes sont notre plaisir.A Pogge, la majorité des habitants recherchent la verdure. Ils possèdent par leurs racines immigrées le goût des paysages, les grands espaces et l’omniprésence des plantes et des arbres. Souvent, ils voient l’espace public de la ville comme inaccessible, décidé par d’autres. Avec l’espace Jasmin, ces habitants-là et d’autres se rencontrent, connectent leurs désirs, installent des bacs devant chez eux avec l’accord de la Commune. Ils en prennent soin, comme on le fait du trottoir devant chez soi.
Aujourd’hui, les habitants-chercheurs de Jasmin sont Husnu (23, rue des ailes), Nurten L. et sa famille (32, rue des ailes), Pascal (42, rue creuse), Mohamed (24, rue creuse), Asie (399, chaussée de Haecht), famille El Bahri (41, rue Goossens), Touré (15, rue des ailes), Rachid (217, rue Royale Sainte-Marie), Nurten I. (406, chaussée de Haecht), Claire et Björn (44, rue des ailes), Monika (48, rue Anethan), Evelyne (48, rue Anethan), Amina (28, rue Goossens), Jenny (24, rue des ailes), Ulvyë (4, rue Goossens), Manu (19, rue Goossens), Olga (51, rue Eenens), Castulo et Jimena (35, rue Eenens), Yoeri et Lieve (18, rue Simoens)
Jasmin, c'est où ?
La plupart des bacs de plantes sont installés sur quelques rues liées, pour rendre visible nos gestes de jardiniers et créer un environnement reconnaissable pour les voisins.Jasmin, c'est aussi ?
L’espace Jasmin est un point concret à partir duquel il est possible d’élargir la société.L’espace Jasmin, ce n’est pas que des bacs devant chez soi. C’est aussi le soin d’une jardinière demeurant sur un appui de fenêtre ou devant sa porte ou simplement, l’envie de mettre la main dans la terre avec d’autres, pour le quartier.
Au-delà de fabriquer un espace proche pour la verdure, il est également une forme de recherche pas à pas. C’est un art, une hésitation sensible pour faire vivre le pavé face aux passants. Certains nous saluent, d’autres nous interpellent. Il arrive que l’on abîme.
Enfin, pour les habitants-chercheurs, ces bacs, ces jardinières, ces espaces de verdure représentent le signe concret d’un horizon à élargir. Nous avons débuté concrètement des liens avec la campagne autour de Bruxelles. L’imaginaire demeure à conquérir.
Jasmin, ce n'est pas ?
Quelques points d’attention nous servent de garde-fou.Nous vivons dans une ville, polarisée à propos de l’usage de l’espace public. Pogge est un quartier fort dense où nous devons faire attention les uns aux autres.
Nous respectons tout d’abord le règlement communal qui indique qu’un passage de 150 cm doit demeurer pour la circulation des passants sur les trottoirs. Nous n’utilisons ainsi que l’espace suffisamment large des trottoirs. Nous n’installons jamais nos bacs dans la rue pour gêner le parking et la circulation des voitures. Nous ne voulons pas instrumentaliser la végétation pour créer des conflits entre habitants usagers de la voiture et habitants soucieux de la qualité de vie. Ce sont régulièrement les mêmes personnes.
Nous sommes enfin attentifs aux classes populaires du quartier, et cherchons le lien avec des habitants qui ne parlent pas la langue du développement durable. (mais ils ont parfois un bel or dans les mains)
Devenir Jasmin ?
Nous rencontrons des habitants intéressés par Jasmin sur le pas de leur porte, dans la rue, lors de l’arpentage de Pogge Ipotesi.Pour l’instant, nous avons encore quelques bacs accessibles. Nous ne les installons pas quand un voisin claque des doigts. Nous ne sommes pas une association qui fournit des bacs sur demande. Une discussion est nécessaire, pour se rencontrer, pour se faire confiance. Nous ne faisons pas à la place de quelqu’un d’autre et chacun est responsable de son propre bac. Jusqu’ici, nous n’avons pas eu à nous en plaindre. 😉
Infos
Manu : Tel. 02 494 01 25 – avantipogge@gmx.com
La dessinatrice Julie Servais et Husnu (rue des ailes, 23)
Au-delà des bacs de plantes, la végétation prend de nouvelles couleurs et déborde sur les fenêtres des maisons,
charriant avec elle quelques invités de l’enfance, comme un ours.